Rédigé en novembre 2022.
A ce sujet, l’ensemble des nations européennes et américaines (et quelques autres) ont clairement exprimé leur désapprobation totale vis-à-vis de la Russie ; les populations comme les gouvernements.
Des mouvements de solidarité importants se sont mis en place.
Des « sanctions économiques » ont été envisagées. Leur principe est correct, dans la mesure où elles ne peuvent pas affecter sérieusement le peuple russe (qui n’est nullement responsable par lui-même de cette guerre). Le but des « sanctions » est donc d’affecter l’économie, sans que cela nuise à la population, c’est-à-dire à la satisfaction nécessaire des 4 besoins matériels réels : nourriture, logement y compris chauffage et un minimum de confort, vêtement, santé. Du fait que la Russie est largement auto-suffisante pour tous ces besoins, il n’y a pas de restriction à ces « sanctions ». Les seuls problèmes qui pourraient se présenter à la population suite à des « sanctions » ne sont qu’une question d’organisation, et sont aisément solubles par la seule volonté humaine nationale (celle de la solidarité).
Les gouvernements arrivent peu à peu à mettre en œuvre ces « sanctions », mais avec bien du mal, et de manière bien limitée. Parce que beaucoup d’Etats, qui par ailleurs condamnent cette guerre, sont partiellement dépendants de la Russie – et aussi de l’Ukraine – pour certains des besoins essentiels (notamment énergie, céréales).
Cette difficulté illustre combien il serait indispensable que toutes les nations tendent rapidement vers la plus grande autonomie possible (autonomie ou auto-suffisance, mais non pas autarcie) pour les besoins matériels précités. Ces besoins doivent être sécurisés au maximum, pour le bien des peuples, et le maintien d’une paix mondiale déjà très instable ; de plus, cela diminuerait de beaucoup les transports, d’où résulterait d’importantes économies d’énergie (et de limitation du changement climatique).
Pour illustrer ce problème grave, prenons le cas des exportations de céréales. Russie comme Ukraine en exportent de grandes quantités vers des pays qui n’ont pas l’autonomie alimentaire complète. Ont été cités notamment :
- L’Afrique : pays du Maghreb, notamment l’Algérie ; pays d’Afrique « noire », notamment le Nigéria ; l’Egypte
- L’Asie : notamment Indonésie, Pakistan, Bangladesh, Liban
La guerre a été sur le point de créer des famines dans certains d’entre eux avant que des exportations ne puissent reprendre au compte-goutte.
Or, examinons les possibilités agricoles de ces pays :
Tableau : données pour les pays cités.
SC : surface cultivée – cultures annuelles en général.
SAU : surface agricole utile, contient la SC et les zones d’élevage et l’arboriculture.
J’ai indiqué de préférence les SC quand j’ai pu les trouver.
| pays | Superficie du pays (milliers de km2) | SAU ou SC (milliers de km2) | % | Nb hab (milliers) en 2021 | SAU ou SC/hab (hectares) |
| Algérie SC1 | 2382 | 85 | 3.6 | 44.6 | 0.19 |
| Bangladesh SAU | 130 | 99 | 76 | 166.3 | 0.06 |
| Egypte SAU | 995 | 40 | 4.0 | 104.3 | 0.04 |
| Indonésie SC2 | 1878 | 236 | 12.6 | 276.4 | 0.08 |
| Liban SAU | 10.2 | 6.7 | 65 | 6.8 | 0.10 |
| Nigéria SC2 | 911 | 340 | 37 | 211.4 | 0.16 |
| Pakistan SC2 | 771 | 233 | 30 | 225.2 | 0.10 |
Sources : Superficie des pays, SAU : https://donnees.banquemondiale.org/indicator/AG.LND.TOTL.K2 , année 2020
SC1 : https://www.algerie-eco.com/2021/12/21/
SC2 : https://agriculture.gouv.fr/ , données plus anciennes
La surface arable (SC dans le tableau) nécessaire pour une alimentation convenable est estimée à environ 0.10 hectare par habitant au minimum. Donc clairement, le Bangladesh et l’Egypte ne peuvent pas être autonomes, et de toute façon leur surface arable ne peut guère croître : leurs importations de céréales paraissent nécessaires.
Tous les autres pourraient être autonomes, mais par intérêt financier, une part de leur production est destinée à l’exportation, notamment vers les pays riches … Ainsi le Pakistan doit importer du blé … parce qu’il exporte du riz ! Le cas de l’Indonésie est le plus méchant : pendant que le peuple manque cruellement de cultures vivrières, de grandes entreprises utilisent une surface à peu près égale à sa surface arable, pour la culture de palmiers à huile destinés en partie aux « bio-carburants » et autres usages non nécessaires.
Le même raisonnement pourrait s’appliquer à l’autre grand problème d’autonomie : celui de l’énergie. Plus difficile à résoudre en apparence, mais pas impossible, et d’autant plus urgent et nécessaire que au contraire de l’agriculture, une grande partie des énergies actuellement utilisées est de nature non renouvelable (produits « fossiles », dont le gaz).
En conclusion, à de rares exceptions près la dépendance de certaines nations n’est pas du tout inéluctable, elle n’est due qu’à des intérêts financiers. On a vu ce que peut donner l’absence d’autonomie alimentaire en cas de difficulté subite (et subie …), et – tout au moins au niveau européen – l’on commence à subir les effets de notre absence d’autonomie énergétique pour les besoins essentiels.