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Les « charges patronales »; revenu et salaire

Rédigé en 2019

 1e partie

« Charges patronales » désigne une partie des cotisations sociales payées par l’employeur. Qui souhaite en général sa diminution. Cette expression signifie sans ambigüité que ces « charges » seraient payées par le « patron » en personne, de sa poche.

Il arrive que dans certaines petites entreprises, le patron restreint parfois drastiquement son propre revenu pour assurer la paie de ses ouvriers (et donc payer lesdites « charges »). Mais dans les grandes entreprises, il est clair que les montants que l’on appelle « charges patronales » proviennent du travail des salariés autant que le « salaire brut ».

Alors, diminuer les « charges patronales », c’est en réalité diminuer le salaire des travailleurs[1].

Donc, parler de charges patronales, c’est de la manipulation mentale.

C’est pourquoi ceux qui veulent parler vrai, emploient maintenant l’expression « salaire super-brut » pour désigner la somme salaire brut + « charges patronales ». En réalité ces soi-disant « charges » sont des cotisations sociales, et comme telles font partie de la portion du revenu des salariés consacrée à la collectivité.

SUGGESTION : ôter la colonne « charges patronales » des bulletins de paie, n’en faire qu’une au lieu de deux pour les cotisations sociales, et désigner simplement par « salaire brut », l’actuelle somme « salaire brut » + « charges patronales » ; ce sera plus simple et plus clair.

[1] Ce terme désigne toute personne qui « travaille » (aussi bien« patrons », qu’ « employés » – ou encore « collaborateurs » en xyloglossie).

Xyloglossie : littéralement, « langue de bois ».

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2e partie

Nous avons vu que les soi-disant « charges patronales » ne sont autres qu’une partie du revenu des travailleurs, versée directement à la collectivité. D’ailleurs, de plus en plus, on parle plutôt de « charges de l’entreprise », en gros la colonne « dépenses », lesdites charges étant immanquablement associées au mot « diminuer ».

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Le revenu du travailleur

Le revenu brut

Le revenu brut global n’est autre que la plus-value apportée par les travailleurs[1] [2], soit, à très peu de chose près, le PIB. Restons en France. Le PIB annuel est environ[3] 2 300 milliards d’€, soit ~ 36 000 € par habitant (en 2018). Mais pour apprécier le revenu global du travail, il faut compter par travailleur (26 millions) ; alors le revenu moyen par travailleur est ~ 90 000 € ; mieux, compte tenu des temps partiels, le revenu moyen par travailleur équivalent-temps-plein atteint ~ 100 000 €/an.

Alors que le salaire moyen net (celui qui apparaît au bas de la fiche de paie sous la rubrique « net à régler »), en équivalent-temps-plein est ~ 27 000 €/an (en 2015).

Le salaire net qui nous est versé est donc environ le quart de notre revenu brut. Où va la différence ? Pour une part, aux amortissements, investissements et profits des entreprises ; la plus grande part va à la collectivité (dont nous faisons tous partie, est-il besoin de le rappeler) : cotisations sociales, fonctionnement des institutions et des services publics. Mais aussi, un gros pourcentage du revenu net lui-même retourne aussi à la collectivité (impôts, TVA, assurances, …), donc nous revient par le biais de la solidarité nationale.

Quelle est en France la part du revenu du travail consacrée à la collectivité (cotisations sociales et fonctionnement de l’Etat) ?

J’avais il y a 10 ans tenté une estimation, et j’étais arrivé à quelque 70 ou 75 %. Un copain qui travaillait dans la finance m’avait dit : de l’ordre de 80 %. Comme dans ma propre estimation j’avais certainement oublié des postes, et que lui avait compétence dans ce domaine, je considère que son estimation est à peu près la réalité. Retenons donc ce chiffre de 80%. Il est clair que la France est une nation sensiblement plus « collectiviste » que la moyenne des pays « riches ». Les cotisations sociales avaient été instituées dans un esprit de grande solidarité nationale et de justice sociale, et cela me paraît faire honneur à notre pays.

Mais qu’en est-il maintenant au juste ? Avec ces 80% : 1) Sécurité sociale, paiement du chômage, et retraites s’en vont en peau de chagrin. 2) « Il faut plus de moyens », demande-t-on à droite ou à gauche (et souvent à juste titre). Alors pour garder le même niveau de solidarité il faudrait passer à combien ? 90% ? 95% ? Loufoque ! On voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche quelque part, ou comme disait Shakespeare, « il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark » !.

Symétriquement par rapport au salaire super-brut, il faudrait définir un salaire super-net : ce qui reste lorsque tous les prélèvements, cotisations, impôts, et aussi les diverses obligations imposées par l’administration et le fait que l’on vit en société[4], ont été ôtées du salaire net. En gros c’est ce qui reste pour notre usage strictement individuel et familial, usages non vitaux autant que vitaux.

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En définitive, nous avons (cf. tableau récapitulatif ci-dessous):

Le REVENU BRUT : c’est la plus-value apportée par les travailleurs. Comme indiqué plus haut, c’est ~ 100 000 € par an et par travailleur équivalent-temps-plein : c’est la valeur de votre travail, c’est ce que vous méritez, voilà pourquoi nous pouvons parler de revenu. La question de savoir si la « valeur ajoutée » doit être ajoutée ou retranchée se pose peut-être, mais pas à ce niveau[5].

Le salaire super-brut, que l’on devrait appeler SALAIRE BRUT, qui sur les fiches de paie se monte à environ deux fois le salaire net, soit de 50 à 60 000 € par an et par travailleur équivalent-temps-plein.

Le salaire brut, qui n’a pas de sens (cf « charges patronales », 1e partie) ; notion à bannir.

Le SALAIRE NET moyen : 27 000 € par an et par travailleur équivalent-temps-plein.

Le salaire super-net ; obtenu en ôtant du net les impôts, taxes, assurances (qui retournent à la collectivité), ainsi que des dépenses imposées par la vie en société qui n’ont pas été comptées dans les parts de la collectivité. Nous avons 80% du revenu brut qui va à la collectivité, reste 20 000 € , que nous appellerons donc NET INDIVIDUEL.

Otons encore les autres dépenses vitales (évoquées dans la note 4), que reste-t-il ? allez, disons une estimation aimable : en moyenne 15 000 € ? J’ai dit « super »-net, mais pour certains ce n’est pas vraiment super, alors je propose plutôt de dire SALAIRE NET-RESIDUEL… Avec cela il faut se loger, manger, s’habiller, payer sa voiture, etc. (toutefois à ce niveau de calcul, les prix doivent être comptés hors taxes, puisque les taxes sont retournées à la collectivité) : ce qui est parfois faisable sans trop de problèmes, parfois difficile, il y a beaucoup d’inégalités à ce sujet.

Dans tout ce qui précède, on doit garder en tête qu’il s’agit de moyennes. Si le salaire moyen est de ~ 27 000 €, le salaire médian est plutôt de ~ 22 000 €. Et pour les 10% les plus pauvres, dont le salaire net est inférieur à ~ 8 000 €, que reste-t-il comme « salaire net résiduel »?

TABLEAU RECAPITULATIF

Notion classiqueRenommée enMoyenne annuelle par travail
leur éq.-temps-plein,
en 2018, environ, en euros :
Valeur ajoutéeRevenu brut100 000
Salaire super-brutSalaire brut55 000
Salaire brutSupprimé
Salaire netSalaire net27 000
 Salaire net individuel20 000
 Salaire net résiduel15 000 ?

[2] On se limite à ceux qui touchent un revenu pour leur travail. Mais il faudrait tenir compte de tous les autres, dont le bénévolat qui apporterait quelque 1 million de travailleurs temps-plein.

[3] Pour « environ », on utilisera le signe ~.

[4] Téléphone (on ne peut plus vivre sans !). Transports nécessaires (remboursés très partiellement par certains employeurs). Ordinateur, maintenant.  Dépenses enfants : nourrice puis scolarité (et les dépenses continuent lorsqu’ils sont adultes mais chômeurs). Etc, etc.

[5] Elle se pose lorsqu’on doit examiner l’efficacité de l’économie. Dans cette optique, par exemple, les coûts nécessités par l’éradication des pollutions devraient se compter négativement.

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