(article préparé en avril 2022, après la dernière gelée tardive qui a touché presque toute la France)
C’est la deuxième année de suite (2021, 2022) que les gelées tardives endommagent sérieusement les productions de fruits en France. Ce phénomène n’est pas inhabituel, et pourrait se reproduire encore plus avec le changement climatique, car aux gelées tardives toujours possibles sont associées des épisodes de chaleur de plus en plus longs ou plus fréquents en mars, voire en février.
Dans les grandes villes, la température est en général supérieure à celle de la campagne environnante, souvent de plusieurs degrés.
Exemple : chez moi à l’Haÿ-les-roses (ce n’est déjà plus la proche banlieue parisienne), pas de gelée tardive ces deux dernières années (et cet hiver 2022, pas de vraie gelée du tout : mes géraniums sont restés en pleine terre sans aucun dommage). Alors que pendant ce temps la campagne d’Ile-de-France enregistrait -2 à -4°.
Une solution partielle très simple pour limiter l’effet des gelées tardives consiste donc à faire de l’arboriculture urbaine : remplacer une bonne partie des arbres dits ornementaux par des arbres fruitiers (pas tous, bien sûr, afin de garder un équilibre végétal). Et inciter ceux qui habitent en pavillons à planter eux-mêmes des arbres fruitiers. Cela ne remplacerait qu’une petite partie de l’arboriculture en champs, mais pourrait atténuer les effets des gelées tardives. Il y aurait d’autres avantages importants : limiter les hausses intempestives des prix des fruits ; fournir localement en fruits les plus grandes agglomérations, donc économiser de l’énergie de transport en même temps que le prix du transport.
Cela pourrait concerner les plus grandes agglomérations, donc une bonne proportion de la population (ainsi, les agglomérations de plus de 500 000 habitants en France totalisent 20 millions d’habitants).
C’est tout-à-fait réalisable, si on le veut. La surface d’espaces verts dans nos villes est estimée à 30 ou 50 m2 par habitant (variable selon les publications ; non compris les terrains des maisons, je suppose, mais ce n’est pas précisé dans les articles). Or pour assurer le besoin complet en fruits et légumes, il suffit d’une surface cultivée d’environ 100 m2 par habitant (en culture écolo mais intensive) ; donc, en consacrant, mettons, la moitié des espaces verts à l’arboriculture fruitière, plus les productions des jardins privés, on satisfait une part non négligeable des besoins en fruits pour ces populations urbaines, peut-être la moitié.