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Chauffage au bois

Les énergies « fossiles » sont appelées à se raréfier progressivement, voire à disparaître de nos usages dans un avenir de quelques générations. Cela nous impose de réfléchir aux possibilités des énergies « renouvelables ».

Le besoin le plus immédiat en énergie est le chauffage. Même sous les tropiques (en haute altitude).

Le matériau « renouvelable » le plus indiqué pour le chauffage est sans doute le bois. Nous examinons donc la question :

Pouvons-nous tous nous chauffer au bois ?

Nous nous bornerons au cas de la France, pour deux raisons : 1) il y a un peu plus de données que pour les autres pays ; 2) la plupart des pays plus froids que le nôtre ont souvent beaucoup plus de forêts que la France (Canada, Russie, Finlande, Suède, Alaska), donc si le problème est soluble pour notre pays, il est d’autant plus soluble pour ceux-là.

Nota : Nous n’oublions pas une autre technique intéressante (normalement très peu « carbonée ») et qui fait actuellement l’objet de promotion : la pompe à chaleur. Ses inconvénients semblent être : 1) une haute technicité exigeant des matériaux « fossiles » donc soumis à raréfaction progressive. 2) la consommation d’électricité, qui augmente lorsque la température extérieure devient très basse.

Notations :
M = million ; m2 = mètres carrés ; m3 = mètres cubes ; ha = hectare ; hab = habitants

De quelle quantité de bois peut-on disposer ?

Selon France-bois-forêt, le volume annuel de bois disponible est de 90 Mm3. La surface totale des forêts françaises (en 2020) est 17 Mha (soit près du tiers de la superficie du pays), donc la disponibilité totale serait de 90/17 = 5.3 m3/ha.

Toutefois la revue Que choisir (juin 2016) donne une production possible de 10 m3/ha, sans citer la source de cette évaluation. Cela ne paraît pas impossible, car selon Operations forestières, la Finlande atteint de fait un rendement de 6 m3/ha ; si l’on tient compte de la différence de vitesse de croissance entre Finlande et France (due à une différence de température de 4 à 6°), il ne me paraît pas impossible en effet d’arriver chez nous à 10 m3/ha – avec la réserve que la forêt finlandaise comprend plus de conifères, qui poussent plus vite que les feuillus. Quant à l’évaluation de France-bois-forêt, elle ne semble tenir compte que des parcelles de forêt effectivement exploitées : selon la Chambre d’agriculture, l’exploitation ne concerne que 60 % de notre forêt.

Nous garderons donc cette hypothèse « optimiste » : production de 10 m3/ha. (en « gestion pérenne », naturellement). Ajoutons que l’exploitation rationnelle d’une forêt a aussi le mérite de l’entretenir en bon état.

Quelle quantité de bois faut-il pour nous chauffer ?

Pour répondre à cette question, on trouve heureusement plusieurs calculateurs « en ligne » : ceux de ONF, Woodstock, France-bois-bûche. Ils produisent des valeurs assez voisines.

Il faut donner le lieu, la surface, l’isolation, la température.

Surface à chauffer : 30 m2 par habitant (20 m2 pour le logement individuel, 10 m2 pour les bâtiments collectifs et les lieux de travail).
Isolation maximum (toutefois nous n’envisageons pas encore les « maisons passives »)
Température : 19°
Lieu : Bourges ; c’est le centre de la France, donc de climat « moyen ».
Rendement du chauffage : 85%. Ce qui exclut d’office l’usage massif des cheminées traditionnelles, et ce qui limite très sensiblement la pollution due à la combustion du bois.

Avec ces données, voici quelques résultats.

Le calculateur ONF ne prend pas en compte l’isolation en elle-même, mais l’année de construction : pour avoir une isolation maximum, il faut entrer « maison récente ».

Les quantités totales (3 dernières colonnes) sont calculées pour 70 Mhab

CalculateurlogementVolume de bois, en m3, pour 1 hab.Volume total en Mm3Surface totale de forêt, MhaPourcentage de forêt
ONFLogement récent ; bois : feuillus durs0.6424.225
ONFRécent ; Bois : feuillus tendres0.9636.337
WoodstockIsolation maximum0.7552.55.2531
France-bois-bûcheIsolation maximum1.0573.57.3543

Conclusion : En France, la population actuelle peut se chauffer avec
nettement moins de la moitié de sa forêt.

Le bois sert et devra continuer de servir à d’autres usages, essentiellement comme matériau de construction (bâtiment et ameublement).

Selon France-bois-forêt, actuellement (en 2018) : 30 Mm3 de bois y sont consacrés. Cela fait moins de 20% du potentiel : il y a encore de la marge pour une augmentation massive de la production de bois de construction !

Il ne reste plus qu’à souhaiter que la dérive climatique ne vienne pas trop vite perturber la qualité de nos forêts …

Pollution

Ce problème mérite attention, mais nous ne l’abordons pas ici en détail. Nous nous contentons de deux remarques qualitatives.

On a dit que le chauffage au bois est plus polluant que les autres sources, notamment en ce qui concerne les particules fines. Or:

  1. la pollution globale due au bois ne devrait pas être supérieure aux autres. Simplement, elle ne se situe pas au même endroit: Elle se trouve principalement au lieu de sa combustion, alors que la pollution des autres sources se situe principalement à leur production. La seule autre énergie de chauffage qui pollue relativement peu, est l’énergie électrique – en France seulement, là où l’électricité est d’origine majoritairement nucléaire ou renouvelable.
  2. L’émission de particules fines n’est pas propre qu’au chauffage au bois. D’une part il faudrait avoir une comparaison entre le chauffage au bois et celui aux énergies fossiles, ainsi qu’avec les autres sources d’émission de particules, principalement le transport et l’industrie. D’autre part, ce problème n’est sérieusement préoccupant que pour les grandes villes. Or lorsque nous recommandons le chauffage au bois, c’est surtout dans la perspective de l’ère – très prochaine – à venir: celle de la décroissance et de la post-décroissance, où les dimensions des actuelles grandes ville devront être drastiquement réduites – dans l’hypothèse, évidemment, d’une volonté collective que cette ère se passe au mieux….

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