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De la spiritualité: Connaissance et Charité

(Octobre 2024)

Charité, c’est-à-dire amour du prochain. Cf. L’amour du prochain – Perceptions et perspectives

Connaissance et charité sont hiérarchisées : la connaissance est d’un niveau supérieur à la charité si on veut, mais plutôt dans le sens du yin-yang. Cf. Le yin-yang et quelques applications – Perceptions et perspectives. J’utilise ce terme car c’est une notion totalisante dont je ne connais aucune traduction en français.

La connaissance est yang par rapport à la charité, car celle-ci a sa racine dans le sentiment, de nature moins spirituelle que l’intellect pur ; et c’est bien la connaissance qui inspire la charité ; sans elle, la charité serait inopérante, et ne serait pas autre chose qu’un vague désir d’aimer. Mais il est clair que la connaissance ne va pas sans la charité : il y a une hiérarchie entre elles deux, mais elles ne sauraient avoir de sens l’une sans l’autre ; le yin est aussi indispensable au yang que le yang au yin. Une connaissance sans charité, cela n’existe pas, c’est un non-sens.

Donc je confondrai maintenant ces deux catégories dans le seul terme de « spiritualité ». L’union de la Connaissance et de la Charité est donc ce que je définirai comme la spiritualité, parce qu’elles sont universelles. La connaissance est celle de la vérité ; la vérité est une et universelle, indépendante du sujet connaissant, ses objets sont les mêmes pour tous. L’amour dont nous parlons est universel car il s’adresse pareillement, « in-différemment », à toutes créatures quel que soit le sujet aimant.

Concrètement, qu’est-ce au juste que la « connaissance », qu’est-ce au juste que l’amour ? Mon état de spiritualité étant encore très balbutiant, je suis peu apte à en parler, mais j’entrevois quelques idées.

Ce qu’est l’amour, a été déjà évoqué dans le lien ci-dessus. Je n’y reviendrai donc pas.

La connaissance, disions-nous, est celle de la vérité. Qu’est-ce que la vérité ?

Par exemple, connaître autrui, c’est percevoir toute sa réalité : son présent, et aussi son passé et son avenir. L’un des aspects de la connaissance est la perception de la réalité complète.

Aimer autrui, ce n’est pas penser « je me mets à ta place », attitude en définitive égoïste. C’est être cet autrui. Et ce n’est qu’en étant l’autre que je peux le connaître. Ce qui nécessite l’absence totale d’égoïsme. L’amour commence par l’empathie ; celle-ci résulte d’une perception immédiate associée à une émotion, donc très incomplète ; c’est grâce à la connaissance que cette perception imparfaite se transforme en charité ; connaissance qui peut s’acquérir que par l’absence totale d’égoïsme.

C’est ainsi que connaissance et amour sont indissociables. La connaissance est peut-être « supérieure » à l’amour, mais l’amour est primordial.

« Aimez-vous les uns les autres », « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Jésus). Cette deuxième citation exprimant clairement l’identification de « toi » et de ton « prochain », leur communion.

Cet exemple de la connaissance d’autrui se généralise à toute connaissance.

La connaissance métaphysique est décrite comme perception d’une réalité immatérielle au-delà du monde sensible. Encore perception de réalité. Arriver à une telle perception suppose plus que l’absence d’égoïsme : la grâce. Mais je ne suis pas personnellement très apte à en parler.

La connaissance scientifique au sens moderne, c’est-à-dire celle de la matière, s’est vu contester le titre de connaissance par des philosophes au motif que les réalités qu’elle étudie sont très partielles, ne concernent pas l’en-soi de leurs objets. Par ailleurs, on a pu constater que l’observation scientifique ne peut pas être toujours strictement objective: elle peut dépendre des conditions d’observation. Pourtant – il n’y paraît peut-être pas au premier abord – elles nécessitent le principe fondamental de la charité, qui est de mettre son ego en retrait pour obtenir, comme cité plus haut, perception juste, attention juste, concentration juste, nécessaires pour bien percevoir une réalité fusse-t-elle incomplète ; elles nécessitent aussi une grande modestie. Les plus grands « savants » modernes sont souvent les plus modestes. Souvent, pas toujours …

Plus généralement, connaître la nature, c’est être la nature, donc à fortiori l’aimer.
Cette communion entre l’homme et la nature est bien exprimée dans les légendes sur saint François d’Assise, où il communique fraternellement avec les animaux et, émerveillé, communie avec la nature.
Montaigne lui-même en approche avec modestie : « J’accepte de bon cœur et reconnaissant ce que nature a fait pour moi ; et m’en agrée et m’en loue. On fait tort à ce grand et tout-puissant donneur, de refuser son don, l’annuler et défigurer, tout bon, il a fait tout bon » (Essais III.13).

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