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Combien d’hommes la Terre peut-elle nourrir ? Compléments

(novembre 2024)

Cet article est une suite à « Combien d’hommes la Terre peut-elle nourrir ? », Combien d’hommes la Terre peut-elle nourrir ? – Perceptions et perspectives, référencé (1) ci-dessous.

Etat actuel

Ci-dessous, quelques figures, plus « parlantes » que des chiffres globaux.

La figure 1 montre les surfaces cultivées dans le monde (SC, en ares par habitant) par pays (année 2020, source : banque mondiale).

On considère (1) que l’autosuffisance occurre lorsque SC > 12, valeur considérée en moyenne comme nécessaire pour assurer les besoins alimentaires, et suffisante si la terre est bien cultivée avec les rendements suffisants.

En gros, les pays en vert ou vert-jaune sont excédentaires, ceux de nuance rouge déficitaires.
Il y a beaucoup plus de nuances vertes que de rouges, ce qui pourrait nous induire à l’optimisme. Et de fait, dans l’article (1), on avait noté que le SC moyen mondial est 0.18 ha/hab.
Beaucoup de « rouges » ont des « verts » à proximité pour les nourrir, mais pas tous.
Dans la réalité actuelle, la valeur de 12 pour SC, valeur optimale, n’est certainement pas effective partout, loin de là. Elle est le plus souvent supérieure. Et de fait (figure 3), la sous-alimentation persiste quelquefois lourdement dans des pays à SC > 12, notamment des pays africains. Probablement des progrès de rendements devraient pouvoir être obtenus dans ces pays. Mais aussi probablement, les conditions varient selon le lieu (nature du sol, hydrologie, climats, etc.) et la SC ne peut pas être la même partout.

Nota : Comme nous le disions dans un précédent article (Une excellente nouvelle – Perceptions et perspectives) il y a dans le monde plus de suralimentés que de sous-alimentés. Ce que les figures 3 et 4 illustrent bien. La complémentarité de ces deux figures est remarquable.

La figure 2 « zoome » sur les surfaces cultivées en Europe ; on prend une référence un peu supérieure à 12 a/hab, pour tenir compte que pour une bonne partie de l’Europe, le rendement est susceptible d’être affecté par le climat (froid relatif en Europe du nord, sécheresses intenses en climat méditerranéen).

Cette figure n’est pas vraiment significative de l’état actuel des productions. Ainsi la Norvège paraît être en équilibre alors qu’actuellement elle serait autosuffisante à 50%. Par contre, l’Italie par exemple est correctement colorée, car en réalité elle a seulement un petit déficit d’autosuffisance. Encore l’autosuffisance est-elle bien difficile à déterminer, car tous les pays exportent et/ou importent plus ou moins de nourriture, à des prix variables.

Nous estimons toutefois que cette figure montre ce qui serait possible en cas d’utilisation optimale des terres cultivées : globalement, le vert et le jaune dominent, donc actuellement l’Europe pourrait être plus qu’autosuffisante (son SC moyen est de 20 – la zone euro, 18 – nota : les estimations varient un peu selon les sources).
Par ailleurs, il se trouve que les pays déficitaires peuvent tous être alimentés par des pays excédentaires voisins, ce qui limite relativement les transports.

Etat futur

Dans (1), nous arrivions à estimer que la Terre peut nourrir correctement 14 milliards d’êtres humains :
– moyennant certaines réformes qui à ce jour sont peu en voie de réalisation,
– et en supposant que les conditions biologiques restent ce qu’elles sont actuellement.

Mais les conditions biologiques changent, ou plutôt, dérivent, avec les destructions de la végétation et de la faune naturelles, et avec la dérive climatique. La production agricole est donc amenée à dériver. Dans quel sens ? Je n’ai pas étudié cette question et il est sans doute trop tôt pour en faire une estimation précise ; à ce jour elle est toujours globalement en augmentation ; augmentation ralentie, « croissance décroissante » (figure 6). Mais il est fort possible que les aléas de récolte deviennent de plus en plus intenses tant que les dérives des conditions biologiques et climatiques demeurent incontrôlées.

Dès lors, le chiffre de 14 milliards devrait être revu à la baisse.

Or justement, les estimations de l’ONU sur l’évolution de la population mondiale (figure 5) font état d’un maximum attendu entre 11 et 12 milliards. D’autres estimations plafonnent vers 10 milliards. J’ignore si ces estimations prennent en compte les limites de productions agricoles ; plutôt l’évolution des mœurs et des morales (dont l’éducation).

Il me paraît vraisemblable de retenir ces estimations, car une telle limite supérieure résulterait nécessairement d’un plafonnement des ressources en nourriture. On peut même envisager une décroissance de population si les conditions agricoles dérivent mal. De toute façon, de fait, les taux de fécondité diminuent partout sensiblement, l’Afrique ayant toujours le plus élevé (figure 6).

En définitive, un plafonnement de la population mondiale est inévitable.

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Fig.1. Surfaces cultivées (SC) en a/hab. Echelle logarithmique 10 log (SC/SC0) avec SC0 = 12


Fig.2. Surfaces cultivées en Europe, avec SC0 = 15.
Le petit pays en blanc (pas de données) est le Kosovo


Fig.3. Sous-alimentation en 2009

(Nota : je n’ai pas trouvé de définition chiffrée de ce qu’est la sous-alimentation. Elle devrait plus ou moins varier selon les zones ; par exemple en pays chaud on a peut-être besoin d’un peu moins de calories qu’en pays froid)

Fig.4. Suralimentation.
 Nota : obésité seulement (Indice de masse corporelle > 0.3)


Fig.5.

Fig.6. Production mondiale (FAO 2022)


Fig.7. Evolution des taux de natalité par continent

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